Chronologie d'un désastre


Maquisards au plateau des Glières
Le mardi 1er août 1944, une soixantaine de Thônains montent au plateau des Glières en camions et en cars, rejoignant les 1500 volontaires venus récupérer les 162 tonnes d’armes et de munitions parachutées par 72 avions.
Le débarquement des alliés en Normandie a eu lieu deux mois plus tôt, et celui en Provence se profile pour ce mois d’août 44, rayonnant de chaleur, mais aussi de promesses de Libération.
En Haute-Savoie depuis le mois de mars, l’espoir immense et la force de résistance aux ennemis de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, nés sur le maquis des Glières, fortifient la population pour en finir avec l’occupant et ses complices français.
Dans cet esprit, le mercredi 2 août, un convoi de camions mêlant allemands et miliciens se dirigeant d’Annecy vers Thônes, centre important de Résistance, tombe dans l’embuscade tendue par des maquisards peu avant le col de Bluffy.
L’accès à Thônes est coupé par un arbre abattu qui barre la route. La conséquence de cet épisode est que les allemands vont désormais attaquer avec leur aviation.

L'église

Rue Blanche
Ainsi, dès le matin du jeudi 3 août vers 9 heures, les Thônains remarquent un avion qui tourne au-dessus de la cité en laissant dans son sillage une fumée blanche, et ils s’interrogent.
La réponse arrivera malheureusement le soir même vers 18 heures : cette fois ce sont trois avions qui surviennent au-dessus de la forêt du Mont, qui foncent sur le centre-ville et larguent chacun une bombe. Ces bombes sont particulièrement efficaces car elles dispersent un grand nombre d’éclats destinés à engendrer de gros dégâts de démolition.
La première bombe endommage très sérieusement le côté droit de la nef de l’église, dont le plafond est détruit. La rue Blanche est couverte de poussière, jonchée de débris des vitres brisées par l’explosion.
La deuxième bombe atteint encore le périmètre du centre-ville derrière les Arcades entre la rue de la Saulne et le passage des Addebouts . Les habitants se sont réfugiés dans les jardins croyant être en sécurité. Mais un deuxième engin de mort lâche son projectile sur la maison Verjus semant à nouveau la terreur et la désolation.
La troisième bombe ne fera que peu de dégâts matériels dans un pré après la croix de Bellossier. Tout cela en l’espace d’une demi-heure à peine.

Le Vieux Pont

Mais dans le centre de Thônes, l’heure est à la désolation, car on dénombre déjà 9 morts et 23 blessés. Alors que les secours s’organisent, les habitants paniqués fuient le centre et se réfugient dans la forêt du Mont quand le deuxième bombardement du 3 août commence vers 19 heures, larguant à nouveau 3 bombes. Les deux premières tomberont sans éclater mais le troisième projectile fera une nouvelle victime rue Louis Haase.
Le maire ordonne alors l’évacuation de la ville et organise les corps de métiers et les services indispensables à cette situation d’urgence.

Resse

Visite du Général de Gaulle

Legon
Vendredi 4 août, après plusieurs alertes dans la journée, une nouvelle attaque frappe Thônes aux alentours de 19h30, endommageant le Vieux Pont, la scierie et creusant un cratère à l’emplacement de l’ancienne gare du TAT. Encore de gros dégâts matériels, et des largages de tracts allemands justifiant les bombardements et menaçant la population complice avec les « maquisards terroristes ».
Mais en ce soir du 4 août les victimes se trouvent sur la commune des Villards-sur-Thônes, après les deux bombes lâchées au cœur du petit village : une maman et sa petite fille d’un an venues fuir justement les bombardements d’Annecy à la campagne.
Le bilan de ces deux journées est très lourd : 12 morts et de nombreux blessés physiques mais c’est aussi toute la population de nos vallées qui est frappée psychologiquement.
La reconnaissance de ces souffrances viendra rapidement dès le 5 novembre 1944 par le Général de Gaulle qui, en tant que Président du Gouvernement de la République, rendra sur le parvis de l’Hôtel de ville de Thônes l’hommage de la France toute entière à la cité meurtrie.
Un an plus tard, le 15 octobre 1945, la médaille de la Résistance sera attribuée à la ville de Thônes : « Chef-lieu héroïque, ville martyre, dont le nom reste lié à l’épopée des Glières ».

Remise de la médaille de la Résistance
Le samedi 3 août 2024, la ville de Thônes a commémoré le 80ème anniversaire des bombardements, en présence des familles impactées par le drame, qui ont pu témoigner et partager leurs souvenirs émouvants. Une messe du souvenir et de la paix a également été célébrée.
Vous pouvez consulter l'album photo souvenir ici.