La fresque principale

Un soin particulier dans le symbolisme et la mise en couleur

Réalisée à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, elle est signée du peintre d'origine moldave Samson Flexor, mort en 1971 à São Paulo au Brésil, après avoir été reconnu comme le fondateur de l'art abstrait dans le pays. Elle présente une synthèse particulièrement efficace de l'histoire de Thônes.

La grande fresque est composée de trois parties.

La partie centrale, sur fond de montagnes, symbolise le passage de l'État de Savoie, (existant depuis le XIème siècle) aux deux départements français en 1860.

Le blason de la croix de Savoie nous plonge au coeur de la Maison de Savoie et de son Saint patron, Saint Maurice, représenté à droite par la croix chrétienne tréflée. Saint Maurice, alias Mauricius, capitaine de légion romaine au IIIème siècle, s'était converti sous l'empire romain au christianisme et jamais ne renia sa foi.

La puissance de la Maison de Savoie se définit par la figure héraldique des "lacs d'Amour" (noeud en huit) dès 1382 sous Amédée VIII, devise apportée par l'ordre chevaleresque de la Très Sainte Annonciade et symbolisant la fidélité.

La devise de la République Française "Liberté, Égalité, Fraternité" s'inspirant des principes de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 vient se superposer sur la première pour montrer la continuité et l'enrichissement des valeurs qui ont forgé l'identité savoyarde au cours des siècles et le rattachement au XIXème à l'État Français.

fresque.jpg

Le tableau de gauche met en valeur 5 jeunes femmes représentant chacune allégoriquement une activité. Au milieu se dresse la figure symbolique de Thônes portant sur sa tête la couronne du Marquisat, titre donné à la ville en 1682 grâce au noble Jean de Valpergue, qui avait racheté les terres de Thônes à Victor Amédée II, duc de Savoie. Ce statut permettait entre autres, de rendre la justice, le banc du droit et un pilori en chêne étant érigés derrière l'église près des arcades ! La fraise autour du cou met en valeur le visage à perruque, qui renvoie au prestige de la ville. Cette femme fortement campée met en avant le blason avec la herse d'or sur fond de gueule, constituant les armoiries de la ville. Cette barrière symbolise la position centrale au carrefour des vallées du Nom et du Fier et marquait la limite avec les nobles des Clefs.

L'artiste représente le développement économique par une alternance de personnages en mouvement : activités agricoles (fabrication du fromage et élevage) et activités industrielles aujourd'hui disparues : bonneterie et ateliers d'horlogerie.

La partie droite de la fresque présente les personnages qui ont présidé aux destinées de Thônes.

De gauche à droite, Auguste Thévenet, installé rue de la Tournette, négociant en fromages, qui crée en 1932, le syndicat des expéditeurs de véritables reblochons, qui deviendra le syndicat interprofessionnel du Reblochon (SIR) le 1er janvier 1987.

Le chanoine Pochat-Baron, professeur de philosophie et Supérieur du Collège Saint Joseph, rédige en 1925 une "Histoire de Thônes", qui fait toujours autorité aujourd'hui. Il est également à l'origine de la transformation esthétique de la façade de l'église Saint Maurice en 1882.

D'origine allemande et naturalisé en 1903, l'industriel Louis Haase a été maire de Thônes entre 1935 et 1953, et a joué un rôle déterminant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est connu pour avoir eu la plus grande sollicitude envers les évacués de l'Est de la France, sous le joug allemand, puis envers les réfugiés juifs de ces régions. A l'origine de la création du cimetière militaire de Morette, il est érigé en 1991 au rang des Justes parmi les Nations, pour son apport personnel à la résistance anti-allemande.

Le Dr Alexandre Vinit a exercé dans son cabinet sous les arcades, et a embrassé lui aussi la fonction de maire, de 1922 à 1929.

Pour finir, Eugène Fournier et ses deux fils, Marcel et Paul, vont faire connaître Thônes dans le monde entier. L'atelier au hameau de "La Cour", dont les machines étaient encore actionnées par une installation hydraulique, va devenir dès 1943 une entreprise en SARL, s'orientant principalement vers la fabrication des buffets de cuisine. Puis, dès 1948, elle va fabriquer des cuisines par éléments diffusées sous le nom de MOBALPA (contraction de « Mobilier des Alpes ») . L'enseigne se déploie en franchises et en 1993, la salle de bain entre dans l'entreprise. Malgré un fort engagement pour un ancrage régional de l'emploi, le petit atelier d'Eugène s'est transformé en 310 magasins en France et à l'international.

La petite fresque

L'autre oeuvre de Samson Flexor est située sur la face ouest de l'ex salle consulaire et présente, dans un curieux mélange, des évènements différents de l'histoire locale.

Cette fresque peinte aux frais du maire Louis Haase représente la scène du 13 octobre 1793 pendant laquelle les Thonains, en élisant leurs députés à l'Assemblée des Allobroges, vont leur demander de voter le premier rattachement de la Savoie à la France révolutionnaire. L'ancien duché de Savoie devient le 84ème département de la République, celui du Mont Blanc. Cet épisode révolutionnaire ne durera qu'une vingtaine d'années, avant de voir revenir la Savoie en 1815 dans le Royaume de Piémont Sardaigne.

Mais l'originalité de cette fresque est de représenter cette scène du 13 octobre 1793 avec plusieurs anciens maires de Thônes dans des rôles anachroniques : on y voit le grand bienfaiteur de la commune Joseph Avet (né en 1811) en position centrale, et les maires Agnellet, Sylvestre, Richard et Michel, ainsi qu'un premier adjoint, Maurice Grand, doyen de Thônes et petit fils de celui qui présida effectivement l'Assemblée de 1793.

fresque2.jpg